Piraterie : la difficile mission allemande

  • Dernière mise à jour le 26 novembre 2008.

Il y a peu, des responsables militaires de l’Union Européenne se sont rendus à Northwood près de Londres pour coordonner la première mission navale européenne. L’Union prévoit d’envoyer un certain nombre de bâtiments de guerre au large de la Corne de l’Afrique. L’opération Atalanta doit commencer le 8 décembre et intégrera la frégate allemande Karlsruhe.

Cependant, les européens en général et les allemands en particulier sont étranglés par un terrible réseau de mandants, de procédures et de limitations contradictoires. A Berlin, les spécialistes discutent pour savoir si un officier de police devra embarquer à bord du Karlsruhe, parce que certains croient que les militaires ne devraient jamais arrêter qui que ce soit.

Les Allemands veulent faire partie de la mission, mais pas complètement. Ils veulent en faire plus, mais ne sont pas certains de comment ni de ce qu’ils pourraient faire de plus. L’Allemagne, une fois encore, souhaite participer à une mission internationale, mais met beaucoup plus de temps pour en prendre la décision que presque n’importe quel autre pays.

Le ministre allemand de la défense, Franz-Josef Jung, ne veut pas que la marine allemande assure autre chose qu’une assistance d’urgence, ce qui limiterait l’action allemande contre les pirates au cas où ceux-ci s’attaqueraient à un navire civil en vue d’une frégate allemande. Pour Jung, si les pirates sont déjà à bord et ont pris le contrôle du navire, otages compris, un bâtiment allemand ne devrait ni poursuivre les gangsters ni couler leur navire-mère.

Ceux qui choisissent de combattre les pirates pourraient aussi finir par faire des prisonniers, ce qui soulève la question de savoir ce qu’il faut en faire. Personne ne sait exactement. Les ministères allemands de l’intérieur et des affaires étrangères sont opposés à ce qu’on les ramène en Allemagne. Ils craignent que ceux qui seraient libérés par manque de preuve ne puissent rester ici, puisqu’une extradition vers la Somalie est hors de question.

De tels prisonniers seraient sous la compétence du tribunal de Hambourg, Division VII. Un juge du tribunal, un bâtiment style Renaissance construit sur la place Sievekingplatz, devrait émettre un mandat d’arrêt dans la journée qui suit la capture. Mais cela nécessiterait d’amener d’abord les pirates capturés à Hambourg, ce qui soulève la question de comment exactement cela pourrait être fait.

Mercredi dernier, de hauts-responsables des ministères de l’Intérieur, des affaires étrangères et de la défense, se sont réunis à Berlin pour mettre sur pied une solution. Ils ont conclu que les pirates ne devraient être envoyés en Allemagne seulement dans le cas de "violation grave des intérêts allemands."

Des propositions détaillant la procédure ont été étudiées. Elles ne semblent pas poser de problèmes insurmontables. Si le conseil des ministres l’approuve, une loi pourrait être votée par le Parlement allemand, le Bundestag, avant Noël, donnant à l’Allemagne la base légal nécessaire pour agir.

Source : Der Spiegel (Allemagne)