Le Liban a besoin de meilleurs bateaux pour surveiller lui-même ses propres eaux

  • Dernière mise à jour le 7 novembre 2008.

La marine libanaise n’a pas les navires dont elle a besoin pour surveiller efficacement ses frontières maritimes, a déclaré jeudi le contre-amiral Alain Hinden, commandant de la force navale des Nations Unies.

A bord de la frégate Latouche Tréville, le contre-amiral Alain Hinden a déclaré que, alors que les marins libanais étaient suffisamment bien entraînés pour assurer la sécurité sur leurs côtes, leurs navires ne pouvaient pas naviguer par mauvais temps.

"Les navires qu’ils ont sont trop petits," explique-t-il. "Si la mer devient agitée, il est difficile pour eux d’aller en mer. Ils ont des navires rapides, des officiers bien formés — ce n’est pas une question de personnel."

Le manque de navires de grande taille dans la marine libanaise signifie qu’elle doit se reposer sur l’ONU pour effectuer correctement la surveillance des frontières maritimes du pays. Des bâtiments comme le Latouche Tréville peuvent naviguer quelle que soit la météo, utilisant du matériel spécialisé pour établir une image complète des autres navires dans la zone environnante.

Avec 240 marins travaillant par roulement, le bâtiment de la marine nationale est armé 24 heures sur 24 et peut rester en mer pendant des semaines sans faire escale. Il y a même une boulangerie à bord pour fournir à l’équipage français des baguettes fraîches. Au contraire, la marine libanaise ne dispose que de navires plus petits [1], qui ne peuvent pas être utilisés en haute mer.

L’amiral Hinden a souligné que, malgré son équipement supérieur, la force maritime de l’ONU (TF 448) n’avait pour mission que de fournir un soutien à la marine libanaise, lui fournissant des renseignements sur la navigation dans les eaux côtières libanaises. "Nous ne sommes pas responsables de la frontière," a-t-il précisé. "Nous sommes seulement ici en soutien des autorités libanaises. Nous travaillons avec eux pour que la situation maritime soit bien connue. Lorsque nous détectons une activité suspecte, nous prévenons les autorités libanaises."

La TF 448 est la première mission navale jamais déployée par l’ONU. Elle doit empêcher la contre-bande d’armes vers le Liban. L’arrivée de la force en octobre 2006 a permis la fin d’un blocus de 3 mois des ports libanais mis en place par la marine israélienne pendant la guerre de juillet. Depuis lors, près de 20.000 navires de commerce ont été interrogés par les bâtiments de l’ONU et ceux qui sont jugés suspects ont été fouillés par les autorités libanaises.

La force n’a jamais découvert de cas de trafic d’armes, mais le contre-amiral Hinden explique que son rôle est préventif. "Notre mission est d’une faible intensité mais continuelle," indique-t-il. "Nous n’avons pas intercepté de navire marchand avec des milliers d’armes." Mais il souligne que la présence des bâtiments de guerre est suffisante pour dissuader les trafiquants. "Tout le monde sait qu’il serait détecté et identifié," indique-t-il. Il fait référence au précédent du Karine A, un navire de commerce découvert au début 2002 avec 50 tonnes d’armes dont on suppose qu’elles étaient destinées à la branche armée du Hezbollah, preuve selon lui que la contre-bande maritime pourrait être un problème dans la région si les mers n’étaient pas correctement surveillées.

La TF 448 a au moins 5 bâtiments en permanence en mer dans sa zone d’opérations, qui se prolonge au-delà du territoire libanais dans les eaux internationales. Des navires comme le Latouche Tréville sont équipés pour surveiller tous les navires de commerce, ainsi que l’activité sous-marine et aérienne.

L’équipage à bord précise qu’ils n’ont jamais croisé de sous-marins dans les eaux libanaises.

Tout en reconnaissant qu’Israël viole la résolution 1701 en pénétrant dans l’espace aérien libanais, le contre-amiral Hinden indique que la marine israélienne a respecté jusqu’à présent les eaux territoriales libanaises.

"Il n’y a eu aucune violation par la marine israélienne," a-t-il indiqué. "Je suis presque certain qu’ils ne le feraient jamais."

Il a déclaré que, si une autre guerre éclatait, le mandat des bâtiments de l’ONU ne serait plus valable et qu’ils auraient besoin de nouvelles règles d’engagement pour empêcher un blocus naval israélien du Liban. "La situation actuelle, dans le mandat actuel, est d’aider la marine libanaise à contrôler ses eaux territoriales," a-t-il expliqué.

Les informations sur le commerce sont rassemblées par les 11 navires de l’ONU qui composent la TF 448 et sont transmises aux autorités libanaises, qui les utilisent pour compléter la situation des navires dans la région fournie par 6 nouvelles tations radar qui surveillent le trafic maritime au large des côtes du Liban.

L’ONU forme aussi les militaires libanais aux techniques dont ils ont besoin pour contrôler efficacement la frontière maritime. L’objectif est qu’un jour, le Liban soit seul à contrôler sa frontière maritime.

L’amiral Hinden déclare qu’il n’est pas inconcevable qu’à l’avenir, Israël fasse suffisamment confiance à la marine libanaise pour effectuer seule les opérations de lutte contre la contre-bande, sans le soutien de l’ONU. "Les inspections sont effectuées par la marine libanaise," a-t-il indiqué. "Donc, la confiance vient d’un état, Israël, envers un autre état, le Liban."

Il précise que le rôle de formation de la TF 448 est important pour le moment où le Liban sera seul au contrôle de sa frantière maritime, sans l’aide des bâtiments de l’ONU, quelque chose qui, et il insiste, est une ambition réaliste. "Nous espérons que la marine libanaise pourrait assumer la responsabilité de leurs eaux territoriales. Ça peut être fait — ce n’est pas seulement un rêve."

Notes :

[1La marine libanaise dispose de 2 EDIC de construction française, de 7 Vedettes rapides type TRACKER et ATTACKER britanniques, et de 27 Bateaux de Support Combat.

Source : Daily Star (Liban)