"Ici, le danger est tout à fait réel"

  • Dernière mise à jour le 30 octobre 2008.

Voici le récit fait par le commandant d’un navire de commerce naviguant dans le golfe d’Aden des 2 attaques successives qu’il a subi au cours de la seule journée du 28 octobre.

Situation : bâtiment entièrement verrouillé avec vigies anti-pirates postées nuit et jour sur les 2 côtés de la passerelle, naviguant dans le couloir de sécurité du golfe d’Aden.

 Première attaque

8 heures du matin, position 13°26N, 48°27E. Trois embarcations rapides s’approchent du côté babord à 45° de l’avant.

2 étaient du type blanc habituel mais l’embarcation d’attaque au centre et en avant était en fait un bateau yéménite équipé d’un gros moteur hors-bord. Il était utilisé comme écran pour masquer les 2 autres.

J’ai prévenu la compagnie par téléphone. J’ai effectué des manoeuvres d’évasion, lancé un appel de détresse sur la VHF, enfermé tout l’équipage dans la salle sécurisée (la salle de conférence) et gardé seulement 3 officiers sur le pont avec un barreur.

Nous sommes arrivés sous le feu d’armes automatiques de petit calibre qui visaient le pont. Aucun dégât ni blessé.

J’ai aussi fait retentir la corne de brune tout en faisant des virages en S et en lançant des appels de détresse sur le canal 16.

Après environ 10 minutes, les assaillants ont abandonné la poursuite, ont stoppé et se sont regroupé.

Lorsque j’ai été sûr que la situation était sous contrôle, j’ai informé l’équipage pour les calmer et les assurer que nous resterions en alerte.

 Deuxième attaque

La 2è attaque a été plus sérieuse et s’est produite à 15 heures par 12°54N, 46°40E. Trois embarcations rapides ont été aperçues s’éloignant d’un bateau de pêche servant de bateau-mère. J’ai déclenché le Ship Security Alert System [SSAS].

Les embarcations étaient les mêmes que sur les photos envoyées et avaient 4 hommes à bord chacune.

J’ai immédiatement lancé un appel de détresse sur la VHF, envoyé l’équipage en lieu sûr. Des tirs d’armes automatiques de petit calibre nous ont visé, mais de façon plus agressive pendant environ 5 minutes.

Le navire vu depuis l’avion de patrouille maritime
©Ministerio de Defensa de España

Heureusement, un navire espagnol de la coalition a entendu mon appel de détresse et a répondu en envoyant un avion de patrouille maritime Orion P3-C qui patrouillait dans la région.

Ils m’ont dit qu’il faudrait 20 minutes avant qu’il arrive. On se faisait vraiment tirer dessus à ce moment-là. Les tirs étaient beaucoup plus intenses que pour l’attaque du matin.

J’ai continué à faire des virages en S mais, je ne pouvais pas voir si nous avions été abordés ou pas à cause des tirs qui nous visaient.

J’ai continué à lancer des appels de détresse et j’ai été rassuré par le bâtiment espagnol par VHF que l’aide arrivait.

Les assaillants se sont alors éloignés, se sont regroupés, puis sont revenus à l’attaque. L’avion m’a contacté pour me dire qu’il nous voyait et qu’il serait là en quelques minutes. J’ai été très heureux de voir son écho sur mon radar.

Le navire vu depuis l’avion de patrouille maritime
©Ministerio de Defensa de España

Les pirates étaient à moins de 100 m lorsque l’avion espagnol est arrivé et a fait un passage à très basse altitude. Les pirates se sont éloignés.

L’avion a alors largué des fumigènes. La situation est devenue sûre très rapidement avec l’avion qui restait avec nous.

Environ 20 minutes plus tard, un hélicoptère d’attaque français est arrivé pour vérifier que notre situation était sous contrôle. Nous l’avons informé de la position estimée du bateau-mère des pirates. Je les ai remercié et suis entré en communication avec l’armateur .

Le danger ici est tout à fait réel. Je serai en mer Rouge d’ici 12 heures, sorti de la zone dangereuse. A part de la peinture abîmée par les coups de feu, nous allons bien. Il n’y a ni dégât, ni blessé.

L'analyse de la rédaction :

Dans son récit, le commandant évoque un bombardier russe. Il est en effet facile de confondre l’Orion P3-C avec l’Illiouchine 38 - May, surtout si le commandant a été survolé par des May indiens.

Source : Information Dissemination (Etats-Unis)