La sécurité de l’Australie sous les mers

  • Dernière mise à jour le 18 octobre 2008.

Pour le premier ministre australien, dans une période de changements incessants en Asie et de positionnements stratégiques mouvants, la marine australienne doit se renforcer et prendre plus de poids dans la défense du pays. Pour le premier ministre, cela passe par une flotte sous-marine plus nombreuse et plus puissante.

Pour de nombreux experts australiens, une nouvelle génération de sous-marins plus puissants représente le meilleur investissement stratégique que l’Australie puisse faire pour garantir sa sécurité à long-terme.

Kevin Rudd considère une force sous-marin plus importante que l’actuelle comme une partie essentiel d’un bouclier maritime capable de protéger les vois de communication maritime de l’Australie dans une région toujours plus instable. D’ici 2030, l’Asie comprendra des puissances maritimes formidables conduites par la Chine.

Les futures capacités maritimes de la Chine sont la principale inquiétude ; les prévions à long-terme montrent que, d’ici 20 ans, sa marine sera équipée de sous-marins puissants à armement nucléaire ainsi que d’une flotte de surface pouvant opérer loin des côtes chinoises.

Les nouveaux sous-marins classiques australiens seront très adaptables, pas seulement des plateformes de lancement d’armes mais aussi pouvant mener des missions de recueil de renseignement, des opérations spéciales ou la lutte anti-sous-marine.

Mais concrétiser la vision du premier ministre ne sera pas facile. Pas seulement parce que des choix financiers difficiles devront être faits dans les prochaines années.

Le gouvernement Rudd a promis de maintenir une augmentation annuelle de 3% pour le budget de la défense. Néanmoins, constituer une force sous-marine plus importante d’ici 2020 va exiger une augmentation plus importante ou l’annulation ou le report d’autres matériels militaires.

La Royal Australian Navy dispose actuellement de 6 sous-marins de la classe Collins. Une augmentation à 9 ou même 12 sous-marins augmentera la pression sur un budget d’achat de matériels de défense déjà sous pression. Pour un projet aussi complexe, la durée est très longue. Des experts avertissent que le ministère de la défense doit accélérer le rythme si la nouvelle classe de sous-marins doit entrer en service au milieu des années 2020.

Une série de décisions difficiles doit encore être prise avant que les industriels puissent se lancer avec confiance dans la construction d’une nouvelle classe de sous-marins.

La première question concerne le statut du constructeur des sous-marins Collins, ASC. Actuellement entièrement public, le gouvernement précédent avait annoncé sa décision de privatiser la compagnie. Mais 3 ans plus, aucune décision n’a été prise.

ASC est la seule compagnie en Australie pouvant concevoir et construire un sous-marin classique de grande taille. La gestion de l’accès aux technologies américaines classifiées est aussi un élément stratégique.

Le gouvernement est-il d’ailleurs prêt à passer un contrat avec ASC privatisé sans appel d’offres ou des compétiteurs étrangers pourront-ils se présenter ?

La marine australienne, traditionnellement peu enthousiaste envers les sous-marins, devra être poussée vers la ligne de départ par une décision politique ferme, comme il y a 25 ans pour la classe Collins.

Source : The Australian (Australie)