DCNS menace de rompre ses accords avec le chantier naval espagnol Navantia

  • Dernière mise à jour le 17 octobre 2008.

Après des années de désaccords publics, le mariage entre les chantiers navals français DCNS et espagnols Navantia semble promis au divorce. Après 15 fructueuses années d’union pour la construction du sous-marin Scorpène, DCNS a l’intention de rompre les relations avec Navantia en raison des désaccords qui existent en ce qui concerne d’autres projets des 2 entreprises, selon des informations publiées dans la presse française.

Le détonateur a été le lancement, en solitaire de la part de Navantia, d’un nouveau modèle de sous-marin, le S-80. A cause de celui-ci, depuis 2 ans, les français menacent de rompre les accords avec Navantia. Des représentants de la compagnie espagnole ont assuré n’avoir reçu aucune notification officielle de la rupture des relations avec DCNS.

Le S-80 est un sous-marin dont la principale particularité est qu’il disposera d’un système révolutionnaire de propulsion anaérobie, ce qui lui permettra de rester plus longtemps en plongée. Le lancement de ce projet en solitaire a été considéré par DCNS comme une menace, puisque, s’agissant d’un sous-marin de nouvelle génération, il pourrait constituer une concurrence difficile pour les sous-marins français lors des appels d’offres internationaux. Navantia a déjà commencé la construction du premier exemplaire sur les 4 qu’a commandés la marine espagnole. Il s’agit d’une vitrine importante pour la compagnie espagnole qui espère obtenir un grand nombre de commandes pour ce sous-marin.

Chantiers navals européens

Les chantiers français ont relancé l’idée de créer un consortium européen de chantiers navals militaires, dont ils ont l’intention d’écarter la compagnie espagnole. Cela pourrait se révéler difficile puisque Navantia participe depuis des années aux rencontres au cours desquelles se négocie cette alliance.

Le projet, qui était resté bloqué il y a 2 ans, serait désormais dirigé par DCNS et la compagnie allemande Thyssenkrupp. L’objectif est que les principaux chantiers navals militaires européens constituent une plateforme pour créer des synergies pour l’acquisition de matériels, pour parvenir à des réductions de coûts dans la construction navale. A la différence d’un secteur comme celui de l’aéronautique, où les clients choisissent dans le catalogue de l’entreprise, dans le secteur naval, chaque marine cherche toujours à personnaliser son propre modèle. Cela ne va pas changer de si tôt, puisque dans un domaine comme celui de la défense maritime, les exigences d’un pays peuvent être complètement différentes d’un autre, contrairement à l’aviation civile commerciale. Les représentants des chantiers navals ont reconnu qu’il serait souhaitable, pour l’avenir du secteur, de mettre en commun les principaux produits des marines européennes pour étudier un accord.

En réussissant à constituer un groupe unique entre ces entreprises, il s’agirait d’un leader mondial dans le domaine de la construction navale militaire. Les Etats-Unis n’exportent plus depuis des années de bâtiments de guerre. Le géant asiatique est un leader indiscutable dans le secteur civil, mais, dans le domaine militaire, il se trouve derrière les européens. Les prochaines réunions entre les représentants de France et d’Espagne seront vitales pour sauver non seulement les relations commerciales actuelles, mais aussi la position de Navantia dans le nouveau terrain de jeu de la construction navale militaire.

Source : La Gaceta de los Negocios (Espagne)