Location d’un sous-marin russe à l’Inde : Un sous-marin nucléaire, quel sous-marin nucléaire ?

  • Dernière mise à jour le 30 septembre 2008.

Au cours de sa conférence de presse commune avec son homologue indien, A K Antony, le ministre russe de la défense, Anatoly Serdyukov, ne s’est autorisé qu’une seule fois à laisser apparaître un sourire sur son visage crispé. Ce n’était pas suite à une plaisanterie. C’était suite à la question d’un journaliste à propos des ‘spéculations’ dans la presse indienne à propos de la prochaine location d’un sous-marin nucléaire russe à l’Inde.

“La presse parle de beaucoup de choses, mais nous ne savons pas de quoi il s’agit,” a été la réponse lapidaire de Serdyukov. Le fait est pourtant que le Nerpa, (qui doit être baptisé INS Chakra par les Indiens) a commencé en juin dernier ses essais à la mer dans le chantier russe de Komsomolsk-on-Amur.

Le mois prochain, une première partie de l’équipage indien doit embarquer sur le sous-marin lorsqu’il commencera ses essais dans le Pacifique au large de Vladivostok. L’explication de la réticence de l’Inde ou de la Russie a reconnaître l’existence du sous-marin, actuellement le secret le plus mal gardé, est un mystère.

Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis que la Russie et l’Inde ont signé un accord secret en 2004 pour la location du sous-marin — la pensée que l’Inde puisse être autorisée à effectuer du commerce nucléaire légitime sans signer le Traité de Non-Prolifération aurait à l’époque faire rire et l’explosion des prix du pétrole n’avait pas fait de la Russie la puissance qui s’impose qu’elle est devenue aujourd’hui.

La location n’est pas non plus une première — l’ex-Union Soviétique avait loué un sous-marin nucléaire plus vieux en 1987 pour 3 ans. Les Etats-Unis, la seule puissance pouvant créer un problème à propos de la location, est au courant du projet mais n’a encore officiellement fait aucun commentaire.

Les spécialistes expliquent que les Etats-Unis ne pourraient pas s’en préoccuper moins du moment que cela aide l’Inde à contenir une Chine qui monte qui s’est lancée dans une expansion massive de sa flotte sous-marine.

A la fois l’Inde et la Russie, néanmoins, continuent de respecter la clause de secret qu’ils ont conclu dans le contrat. Un responsable au ministère indien de la défense en donne le surnom digne de Harry Potter : ‘le projet dont nous ne parlons pas’.

La version russe de ‘Projet Inde’ est indubitablement une version traduite de la même phrase. Le chef de la marine indienne, l’amiral Sureesh Mehta, a été le premier à parler du projet lorsqu’il a déclaré l’an dernier que ce sous-marin avait été loué pour former et entraîner les équipages indiens destinés au sous-marin nucléaire de conception indienne, l’Advanced Technology Vessel [1] (ATV) actuellement en construction à Visakhapatnam. Le Chakra doit être admis au service actif le 15 aout de l’an prochain. Il est trop tôt pour dire si Serdyukov assistera alors à la conférence de presse.

Notes :

[1Navire à technologie avancée.

Source : India Today